[Séminaire] Non-lieux de l’exil

Youri Lou Vertongen interviendra dans le séminaire : Le terrain des migrations et de l’exil, entre conflictualités et émancipations, 13 mars 2024, 17h-20h, hybride.

Lien zoom : https://spaces.avayacloud.com/spaces/653a58eba9e06021cb26dfa3 

Avec :

·       Chowra MAKAREMI, anthropologue, chargée de recherche au CNRS, membre de l’IRIS.

·       Youri Lou VERTONGEN, chercheur CRESPO et CESIR, et  professeur invité à l’UC-Louvain Saint-Louis Bruxelles.

·       Emeline ZOUGBEDE, socio-anthropologue,chercheuse post-doctorale à l’IC-Migrations (Collège de France/ CNRS) et au Cerlis

Coordination Eugénia Vilela, philosophe, Faculté de Lettres de l’Université de Porto,  Groupe de recherche Esthétique, Politique et Connaissance et Christiane Vollaire, philosophe (CNAM, Paris 7-Diderot, ICM)

Argumentaire

La question de l’exil, du déplacement, des migrations – des conflictualités qu’ils engagent et des formes d’émancipation qu’ils peuvent promouvoir – n’a cessé de mobiliser les chercheurs, en particulier depuis le XXème siècle sous les effets conjugués de la colonisation et de la décolonisation, conférant actuellement au phénomène une ampleur considérable, dans le temps même où les législations nationales et internationales se font de plus en plus contraignantes et ségrégatives. Walter Benjamin affirmait déjà, à la fin des années 1930, dans son essai Le Capitalisme comme religion, que « jamais la disproportion entre la liberté de mouvement et la profusion des moyens de circulation n’a atteint un tel degré ».

Cette « disproportion », actuellement vécue dans l’espace européen de Schengen comme dans l’externalisation de ses frontières, est documentée, réfléchie, diffusée par les chercheurs, dans une multiplicité de domaines : la question des politiques publiques (Didier Fassin et Anne-Claire Defossez à Briançon), comme celle des relations internationales, la question du droit comme celle de l’action humanitaire, la question du travail et de l’exploitation (Émeline Zougbédé, au Maroc, au Népal ou au Burkina-Faso) comme celle des solidarités et des revendications ; les questions de santé comme les problématiques d’organisation sociale ou les questions de genre.

Face à des décideurs politiques et à des médias de masse largement instrumentalisés, le travail des chercheurs devient de plus en plus nécessaire pour rétablir des vérités élémentaires (François Héran Immigration, le grand déni, sur les questions démographiques) et tenter d’infléchir des politiques publiques sourdes aux simples exigences non seulement de l’éthique, mais de la rationalité. La recherche s’affirme ainsi de plus en plus comme un point d’appui démocratique, dans l’interaction sur le terrain (Marie-Caroline Saglio et Alexandra Galitzine sur la question des langues), ou dans la réflexion sur un terrain rendu paradoxalement possible par la distance (Chowra Makaremi avec l’Iran). La politologie contemporaine (Youri Lou Vertongen auprès des sans-papiers) s’inscrit dans ce questionnement commun, et les développements récents d’une philosophie de terrain attestent de cette nécessité de s’engager dans la réalité de l’échange et la valeur épistémique de l’entretien.

En conflit, mais aussi en interaction stratégique avec les pouvoirs publics, l’activité de recherche, dans sa transdisciplinarité contemporaine, se nourrit de la réalité vivante et mouvante du terrain, à l’écoute de la parole de ses acteurs, de l’expérience et de l’expertise de ceux qui en vivent les multiples violences. C’est cette ambition que la rencontre entre anthropologie, sociologie, politologie et philosophie souhaite interroger ici, à partir de la pluralité des terrains.